Alors que les réflexions et propositions institutionnelles battent leur plein en France et qu’une initiative voit également le jour en Belgique, c’est au tour de l’Italie d’entamer de sérieuses réflexions sur les réponses à apporter à l’émergence des pratiques collaboratives. Ces informations nous ont été apportées par un lecteur italien, que nous remercions vivement.
Deux propositions de loi sont actuellement en cours de discussion devant le parlement italien. Il s’agit d’une part d’un projet de loi qui semble très transversal sur les obligations des plateformes et la fiscalité des utilisateurs et d’autre part d’un projet sectoriel d’encadrement des pratiques collaboratives dans le secteur de la restauration.
Un projet de loi ambitieux
Une première proposition de loi sera ainsi discutée devant le parlement au mois de mai, avec une démarche très globale puisque l’éventuelle future loi concernerait notamment (i) la mise en place d’un registre opérateurs de plateformes autorisés à exercer en Italie, (ii) l’obligation pour les plateformes de soumettre leurs conditions générales à l’autorité de la concurrence italienne et (iii) la fixation d’un seuil de revenus annuels à 10.000 euros en deçà duquel les revenus seraient taxés au taux de 10%.
Toutes ces propositions sont dignes d’intérêt car elles montrent que l’importance des thématiques fiscales et de la question de la responsabilité des plateformes de l’économie collaborative a été perçue par les autorités de pays européens de plus en plus nombreux. Les modalités pratiques devront être déterminées avec précaution et en concertation avec les entreprises de cette nouvelle économie pour s’assurer d’une mise en oeuvre efficace.
Un projet de loi sectoriel pour la restauration collaborative
La seconde proposition de loi est nettement plus sectorielle puisqu’elle porte sur l’une des dernières pratiques émergentes en matière d’économie collaborative, à savoir la restauration collaborative.
La proposition de loi présentée devant le parlement italien viserait ainsi d’une part à imposer aux utilisateurs qui offrent des repas sur les plateformes de restauration collaborative à effectuer une déclaration de commencement d’activité de cuisine et de distribution d’aliments. D’autre part, la proposition de loi vise à obliger les offreurs de repas collaboratifs à être résidents ou domiciliés dans l’appartement qui sert de lieu de préparation ou de service des repas collaboratifs. Enfin, la loi vise à limiter le nombre de jours durant lesquels un utilisateur peut proposer ses services sur ces plateformes.
L’objectif du législateur semble donc de distinguer ces services collaboratifs de ceux proposés par les professionnels de la restauration, en veillant à encadrer et définir de manière précise les conditions d’exercice de l’activité d’offreur de repas collaboratifs. Du point de vue de la France ces démarches sont un élément de comparaison intéressant dans la réflexion qui doit encore être amorcée en la matière. Là encore, nous considérons qu’il convient d’éviter l’empressement et l’imposition de charges trop lourdes à des activités qui n’exercent pas de concurrence sur les métiers traditionnels de la restauration.
L’avenir de la réglementation de l’économie collaborative
Observer les pratiques réglementaires et régulatrices d’autres pays est un exercice utile pour réfléchir à un encadrement adéquat au niveau français.
Néanmoins, le cadre juridique de chaque pays diffère quant à la manière dont la norme peut être modifiée et le nouveau cadre appliqué. Sans oublier le droit européen qui, pour l’économie collaborative, matière intimement liée à l’économie numérique, impose un cadre juridique relativement strict duquel les Etats peuvent s’éloigner uniquement dans une certaine mesure et au sujet duquel ils sont soumis à un formalisme préalablement à l’introduction de nouvelles normes.
Insistons enfin sur la nécessaire prudence qui doit guider les efforts législatifs en la matière. En effet, il convient de se garder de trop en faire en évitant l’écueil principal à notre sens : l’excès de réglementation qui aurait pour conséquence de tuer ces initiatives sans sanctionner les pratiques les plus abusives.
Droit du partage continuera naturellement de suivre ces sujets pour vous.